" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !"
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !"
C'était de Lamartine, dans son célèbre poème "Le Lac", que ma génération a appris par cœur, sous l’œil vigilant et la règle en bois prête à frapper de l'instituteur. Pourquoi ce poème ? Parce qu'en rentrant chez moi, tous les jours, je vois des ados en train de fumer. Quel rapport ? Simple : cette mauvaise habitude, acquise auprès de parents fumeurs ou d'autres camarades intoxiqués, se fait en dépit du savoir que cela les met en danger, et hypothèque leur avenir.
Pourquoi ?
Il y a eu moult études sur le tabagisme en général et celui des jeunes en particulier, mais je me suis tout à coup demandé : "et si, au fond, tout cela n'était dû qu'à leur perception du temps ?"
Et j'ai fait appel à mes souvenirs. Quand on est enfant, une année parait longue comme un siècle. Plus on vieilli, et plus on a l'impression que les années se raccourcissent inexorablement. Or les ados, qui sortent de l'enfance, sont plein d'énergie et se disent qu'ils ont la vie devant eux. L'idée de mourir un jour ne les effleure que brièvement, et encore, chez certains d'entre eux seulement (je ne parle pas ici des suicidaires). L'idée de tomber malade gravement à cause de la cigarette n'est qu'une conjecture éloignée dans le temps. Certains se disent qu'ils vont arrêter "plus tard". Sauf que ce "plus tard" est relatif. Ce "plus tard" vont tombe sur le tournant de la cafetière le jour où vous vous y attendez le moins. Combien de temps réel se déroule entre la première cigarette d'un gamin de 15 ans et la radiologie révélant un cancer du poumon ? Allez, soyons généreux : 40 ans. Pour un gamin de 15 ans, 40 ans c'est une éternité. Pour l'homme qui découvre sa maladie, ces 40 ans sont passés à une vitesse hallucinante. La perception du temps est aussi à l'origine de nombres de dépression et de suicides chez les adolescents : en effet, toute épreuve est subie de plein fouet et non relativisée temporellement. Un amour déçu, et certains s'imaginent que leur vie est vaine. L'échec "arrête" le temps, dont l'écoulement est déjà perçu comme lent (combien de fois me suis-je dit que le cours de maths n'en finissait pas !).
A lire cet édifiant article du figaro, vu sous la lorgnette médico-psychologique.
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